Variations Fort-Queyras
- Mon ami, que sont donc ces nouvelles pépites créatives ?
- Ravi de vous retrouver, Milady, vous manquiez aux chemins et sites des Alpes du Queyras ...
- Étonnant, vos aquarelles de Fort-Queyras en renfort de vos peintures. Vous aussi, vous fêtez la reprise culturelle de cette fortification d'altitude ?
- Je me suis aperçu que le « rocher » accompagnait assez ma démarche et ce, depuis 1989...
- Le château figure bien-sûr dans l'actualisation 2024 de votre BD « Sous le Soleil d'Astarté » ?
- Forcément, cette image – véritable personnage – est un des spots des fictions locales. À une autre époque, je vous aurais fait l'historique du lieu mais, comme dirait un administrateur de collectif, tout le monde le sait déjà...
- Pas très pédago, l'admin ?
- Taisez-vous, vilaine, l'heure est à la prudence. Tenez, voici quelques « morceaux » choisis de mon imagination active avec le bastion en arrière plan. The last was une acrylique sur papier de 2023.
- On parle déjà d'une grande fête au fort, cet automne, avec expositions et goupillon.
- Je ne devrais pas vous le dire mais j'ai effectivement matière pour actualiser un éventuel reprint de la « Représentation des Vaudois en Queyras » ; l'instant et le lieu sont historiques.
- Vous y exposâtes pour de vrai ?
- Oui, notamment pour une ou deux fêtes des parcs naturels régionaux en PACA, lors des années 2010 – du temps du regretté Michel Vauzelle –, avec le concept d'installation Big Flower et une sortie croquis/aquarelle associée. J'avais carte blanche dans une salle des casemates Maginot ; l'idée était déjà de nuancer, avec humour, la néo tendance identitaire du « tout nature sauvage ».
- C'était avant le transfert Little BigHorn d'Ousmane Sow dans le village fortifié de Mont-Dauphin ?
- Ne riez pas, l'analyse sociétale d'une certaine évolution culturelle est parfois ici riche de sens. L'accumulation de phénomènes, selon la méthode dite des variations concomitantes de Durkheim, reste pertinente. Le problème n'est pas bien sûr la création venue d'ailleurs – véritable bouffée d'oxygène – mais l'analyse des raisons profondes des choix de certaines « zones d'intérêt ». La valeur réelle internationale ne doit pas être un prétexte à cantonner l'autochtone à un simple rôle d'artisan subalterne ou, pire, à le faire « encadrer » par quelques épiciers du coin.
- Vous faisiez pourtant la visite du site dès 1999 ?
- Et même avant, comme le stipule le fascicule pédagogique « Suggestions Art & Nature » disponible au
musée de la Barma, à Ristolas.
- Vous y exposâtes assez tôt ?
- Oui et même des écorces de mélèzes... dans la haute salle du donjon... Nous nous étions entendus avec un des premiers propriétaires du lieu. Ma démarche singulière ne déplaisait pas à ce gentleman soucieux de faire valoir, lui aussi, disons, sa « différence promotionnelle », et surtout son indépendance d'esprit, par rapport aux conseillers courtisans ; une autre époque, vous dis-je...
- Quel étrange tableau, c'est énorme !
- 1998, une pièce majeure de ma collection d'art singulier, digne de Clovis Trouille, avec déjà ce souci des limites du tourisme et de nos « mises en scènes » ; des occitanistes avaient aimé...
Leïss' aquò tranquille...
- Et celui-ci, vous vous inspirâtes d'une muse ?
- Oui, toujours à la Clovis Trouille, ne soyez pas jalouse... 1993, j'étais encore aux Beaux-arts d'Avignon.
- What a fabulous mystery !?
- La racine, Milady ; 1989, Uzès et ses muses exceptionnelles... Une des pièces qui me permettra d'intégrer la « Caserne des Passagers » d'Avignon...
- Le début d'un long périple authentique ?
- Comme vous dites mais ne vous y trompez pas ; la création singulière n'est vraiment pas une vocation égoïque. Si elle ne peut plus s'afficher, faute de statut social adapté, elle demeure quand même, ad vitam, souterraine... La seule question est de savoir quoi faire de cette étrange expérience de vie, Milady, dont ce rocher ne fut qu'un épisodique prétexte. Je ne suis désormais qu'un « survivant » prêt à essayer d'aider ceux qui viennent.
