À propos d'Art contemporain

Art contemporain à partir du film Meurtre dans un Jardin anglais

(janvier 2022) Meurtre dans un Jardin anglais est un film connu de Peter Greenaway, tourné en 1982. Les interprétations – parfois brillantes – de cette histoire sont nombreuses. La réalisation de ce film serait plus l'œuvre d'un artiste contemporain que d'un cinéaste. Plutôt que définir l'art contemporain, l'analyse d'une telle œuvre peut nous aider à cerner cette différence. L'important, ici, est de comprendre la notion d'homme/artiste face au « paysage », qu'il soit naturel ou social... Jeu entre des décideurs, qui font appel pour un « contrat », et un artiste afin de dynamiser un territoire par un point de vue différent. Qu'est-ce que le réalisateur/artiste pourra quand même s'autoriser à dire et montrer ? Mieux, le rôle des femmes est ici mis en exergue et nuance peut-être l'habitus de Bourdieu quant à la domination masculine.

The Draughtman's contract

Un « artiste venu d'ailleurs » est-il forcément plus efficient qu'un « local » même si celui-ci a pu forger indépendamment sa propre méthode et sa grille de lecture ? Définir ce que pourraient être certaines pratiques dites culturelles au cœur des territoires relève alors de la sociologie – on retrouve les goûts et les dégoûts de Bourdieu – et nous éloigne de la question de l'art contemporain. De fait, des associations complémentaires peuvent parfois se former ; peu importe d'où vient l'artiste, peu importe la clique pour laquelle il travaille ou pas. Juste chercher ce qui fait le moteur de sa démarche.
Robert Filliou, par exemple, était passionné par les phénomènes généraux d'économie... Dans la même veine – Eros c'est la vie –, un artiste « amoureux » peut accéder à la Métamorphose selon l'expression de l'anthropologue Tobie Nathan. Pourtant cette réalité devient tragique pour l'Amoureux peintre Neville du Jardin anglais ; des chroniqueuses appellent même ironiquement le film « Meurtre ». Ici, il est socialement convenu d'en rester là ; la grille posée par Neville devant le « paysage » lui a pourtant permis de révéler ce qui s'y cachait... Si le peintre finit par succomber au jeu des Dames, c'est qu'il a bien d'abord appris à les Connaître... Nous n'expliquerons pas certains processus du « fin amor occitan » ; pour le philosophe Gilles Deleuze, il s'agit surtout d'un « nouveau Droit » acquis par la Dame elle-même complètement participante de la chose. Droit de céder – ou de résister – à cette tension de l'amour courtois d'un amant potentiel qui n'est ni un romantisme désuet, ni une stratégie virtuelle de froide consommation. Besoin légitime pour elle d'un contact, d'inverser les rôles de la séduction, maintenant ou un peu plus tard... Jouer avec le peintre reste donc d'autant plus excitant pour les Dames qu'il est « hors jeu social ». Mais, parce qu'il ne reconnaît pas justement ce Je collectif – l'Animus des Dames –, il devine vite qu'elles en sont davantage le triste bouclier que les prétendues gérantes du patrimoine...

Entre sociologie appliquée et réalité sociale marchande, la place d'un artiste contemporain reste donc « dangereuse »... Dénoncer ou Enchanter le monde ? Enchanter le monde peut se faire par la transmission d'une démarche et de techniques propres à la tradition du conte et ses illustrations. Il ne s'agit pas d'expériences sensorielles pour mieux oublier et régresser mais bien d'aider à comprendre certaines choses. L'art contemporain n'aurait donc de sens que s'il évoque les problématiques sociales cachées d'une époque. Juste savoir qu'un artiste peut dynamiser humoristiquement son travail pour cela. C'est bien cette valeur d'expérience – en plus de celle d'un diplôme – qui fait toute la différence. S'il reste délicat de parler de ces qualités dans un monde où l'art bascule toujours plus vers l'artisanat (regarde Instagram...) et la représentation spirituelle polissée, les véritables collectionneurs savent encore faire la différence. À celles et ceux qui seraient intéressés par cette démarche, l'artiste propose de venir le rencontrer.